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Édulcorants & poids :
tenir compte de l’effet plateau !

Les effets des édulcorants à basses calories sur le poids ne doivent pas seulement être analysés sous l’angle des kilos perdus, mais aussi sous celui des kilos qui ne sont pris ou repris à long terme. C’est ce que nous explique la Dr France Bellisle, spécialiste du comportement alimentaire.

Remplacer le sucre par des édulcorants à basses calories permet de réduire l’apport calorique et d’entraîner une perte de poids légère, mais significative. Pourtant, beaucoup de personnes appliquent ce changement au quotidien sans observer de différence notable sur la balance.
Pourquoi ?

« À cause de ce que l’on nomme « l’effet plateau«  », explique la Dr France Bellisle, spécialiste du comportement alimentaire qui étudie les édulcorants depuis de nombreuses années.

Ce phénomène se retrouve avec toute restriction énergétique, y compris celles induites par la prise de médicaments contre l’obésité. La cinétique est toujours la même : au début, on perd du poids, puis la perte de poids ralentit, jusqu’à s’arrêter. Lorsque le poids ne diminue plus, c’est l’effet plateau. Et, dans la plupart des cas, il y a une reprise de poids par la suite. L’objectif, lorsque l’on perd du poids, est surtout d’arriver à maintenir la perte de poids.

Voir l’interview de France Bellisle

L’effet des édulcorants peut paraître invisible

« Cet effet plateau est un facteur important qui explique la difficulté à étudier et à mettre en évidence les effets à long terme des édulcorants à basses calories sur le poids », nous détaille France Bellisle.  Les recherches dans ce domaine montrent que lorsqu’ils remplacent l’énergie venant des sucres, les édulcorants permettent de perdre 1, 2, 3 kilos ou même davantage. Mais après quelques semaines il ne se passe plus rien, parce que l’on a atteint le plateau. Et c’est là que l’on pourrait se dire que les édulcorants ne servent plus à rien, et pourtant… En réalité, ils produisent bel et bien un effet, mais invisible : celui d’aider à maintenir une perte de poids. En effet, cet effet ne pourrait être mis en évidence que si la personne abandonnait les édulcorants et se remettait à manger du sucre. Cela entraînerait alors inévitablement une reprise de poids. »

Les explications de France Bellisle

Les édulcorants font-ils manger… plus ?

C’est un bruit qui circule depuis longtemps, et qui entretient bien des confusions à l’égard des édulcorants à basses calories : ces substances auraient un effet stimulant la faim, ce qui amènerait à manger davantage, plus que le sucre qu’ils sont censés remplacer. Avec, pour conséquence, non pas une perte de poids comme recherché, mais au contraire une prise de poids ! Cela fait partie des nombreuses informations erronées qui circulent sur les édulcorants à basses calories. France Bellisle nous éclaire sur les origines de ce qui est devenu un grand mythe :  C’est ce qui a été supposé il y a une quarantaine d’années, avec, comme mécanisme avancé, la stimulation de la sécrétion d’insuline. » Depuis, cette idée a été étudiée en long et en large dans le monde, et les résultats sont très clairs : il n’y a aucune augmentation de la prise alimentaire à la suite de l’utilisation d’édulcorants.

Les explications de France Bellisle

Les édulcorants stimulent-ils la sécrétion d’insuline ?

C’est aussi un vieux débat qui refait régulièrement surface : les édulcorants à basses calories n’auraient pas seulement une saveur proche de celle du sucre, ils auraient aussi des effets métaboliques tels que le déclenchement de la sécrétion d’insuline. Voilà qui irait à l’encontre de ce qui est recherché, notamment pour les personnes avec un diabète, affection qui se caractérise par une sécrétion d’insuline altérée. Mais ici aussi, les nombreuses recherches permettent d’y voir plus clair.  En général, dans la plupart des cas, explique France Bellisle, il n’y a aucune sécrétion d’insuline après la prise de nourriture qui soit due aux édulcorants. Bien entendu, la prise alimentaire, avec ou sans édulcorants, entraîne une sécrétion d’insuline, ce qui est parfaitement normal, mais il n’y a aucun rôle spécifique joué par les édulcorants qui composent le repas. »

Édulcorants et insuline : réponse de France Bellisle

Boire light fait manger moins calorique que boire sucré

A l’occasion de la 9e Conférence de la Fédération Européenne des Associations de Diététiciens (EFAD), le symposium de l’International Sweeteners Association (ISA) était l’occasion de remettre les pendules à l’heure concernant l’impact des boissons light sur les apports énergétiques.

Les aliments et boissons de faible densité énergétique, c’est-à-dire qui apportent peu de calories par 100 g, sont  considérés comme des alliés pour contrôler l’apport calorique. C’est notamment ce que confirment les travaux menés par le Dr Nicolas Buckland (Université de Leeds, Royaume-Uni) et son équipe : ils montrent que l’exposition à la vue, à l’odeur ou la consommation de ces alliés du régime facilite la réduction des calories consommées lors du repas suivant. Ainsi, après avoir mangé une salade de 100 kcal en entrée, les volontaires ingèrent 21 % d’énergie en moins qu’après une entrée de même contenu calorique, mais plus dense (pain à l’ail).

Opter pour des boissons light à la place de boissons sucrées est aussi une façon de réduire la densité énergétique. Et comme le montre une nouvelle étude (1), menée auprès de plus de 22 000 adultes aux États-Unis, cela se traduit par un apport énergétique total plus faible. Mais ce n’est pas ce qu’ont communiqué certains médias, précise Sigrid Gibson (Sig-Nurture Ltd. Guildford, Royaume-Uni), qui ont laissé croire que les consommateurs de boissons light mangeaient plus de sucreries et autres produits denses en énergie que ceux qui boivent des boissons sucrées.

En réalité, cette  étude montre que par rapport aux buveurs de sodas sucrés, les buveurs de light, qui ingèrent nettement moins de calories dans les boissons, puisent très légèrement plus de calories (19 kcal/jour) dans des aliments de densité énergétique élevée et non nécessaires (sucreries, biscuits…). Mais si l’on comptabilise toutes les calories associées aux différentes boissons, l’étude montre clairement que les boissons light, tout comme le thé, sont associées à des apports caloriques plus faibles (69 kcal par jour pour le light, 64 kcal/j pour le thé) que les boissons sucrées (226 kcal), que les boissons alcoolisées (384 kcal/jour), et même que le café (108 kcal/g). Boire light plutôt que sucré apparait donc bel et bien efficace pour ingérer moins de calories.

 

Ruopeng An. J Acad Nutr Diet 2015. In Press.  Published Online:  September 11, 2015

Remplacer le sucre par des édulcorants est favorable au poids

De nombreuses données convergent pour dire que le fait de remplacer le sucres dans les aliments et boissons par des édulcorants basses calorie a des effets bénéfiques sur le poids et la masse grasse.

Le rôle des édulcorants basses calories dans le contrôle du poids fait l’objet de nombreux débats et discours contradictoires. À tel point que certains vont même jusqu’à considérer qu’ils favorisent des habitudes alimentaires malsaines et la prise de poids, ce qui pourrait d’ailleurs encourager… la consommation de sucre ! Pourtant, si l’on compile les données scientifiques disponibles, il apparaît que dans l’ensemble, la consommation d’édulcorants basses calories résulterait en une diminution de la prise de calories et une perte de poids. C’est ce qui ressortait d’une revue systématique publiée en 2016 dans le périodique scientifique International Journal of Obesity (1)

Ce travail consistait à passer en revue l’ensemble des preuves selon lesquelles la consommation d’édulcorants basses calories n’aurait pas d’effet sur l’apport calorique ou le poids, tant chez l’animal que chez l’Homme. Les données humaines les plus pertinentes proviennent d’essais randomisés contrôlés (RTC) : des 129 RTC menés à court terme, il ressort que le recours aux édulcorants basses calories à la place du sucre (dans les aliments ou les boissons) entraîne une réduction de l’apport calorique de 94 kcal par jour en moyenne. Ces résultats sont cohérents avec ceux issus d’interventions plus longues (4 semaines à 40 mois), qui montrent que le remplacement du sucre par les édulcorants basses calories entraîne une diminution du poids de 1,35 kg en moyenne.

En 2020, deux revues systématiques (2) (3) ont confirmé que la substitution du sucre par des édulcorants entraîne une réduction du poids. Il apparait de plus que cet effet est plus important chez les personnes souffrant de surpoids ou d’obésité.

En 2022, une vaste revue des études cliniques randomisées confirme que le remplacement des boissons sucrées par des boissons light a un effet (léger, mais significatif) sur le poids et la masse grasse (4).

Références
(1) Rogers P J et al ; Int J Obesity 2016, 40 :381-394. 
(2) Laviada-Molina H et al. Obesity Reviews 2020; 1-13.
(3) Rogers PJ, Appleton KM. Int J Obes 2020.
(4) JAMA Network Open. 2022;5(3):e222092. doi:10.1001/jamanetworkopen.2022.2092

Plus de plaisir avec moins de sucres ajoutés

Saviez-vous que réduire les sucres ajoutés dans votre alimentation ne doit pas forcément se faire au détriment du goût ?

Michaël Sels, chef cuisinier, diététicien et spécialiste en sciences nutritionnelles à l’UZ Anvers, partage ses conseils pour remplacer le sucre de manière savoureuse tout en continuant d’apporter à votre corps des nutriments essentiels.

Une consommation excessive de sucre a un impact négatif sur la santé. Elle favorise les variations de la glycémie et peut augmenter le risque de surpoids et d’obésité. L’obésité accroît à son tour le risque de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Limiter les sucres ajoutés dans son alimentation est donc essentiel.

Remplacer plutôt que supprimer

Réduire les sucres ajoutés ne signifie pas qu’il faut tout éviter ou supprimer. « C’est pourtant comme cela que beaucoup de personnes l’envisagent », explique Michaël Sels. « C’est difficile de s’enthousiasmer à l’idée de devoir constamment renoncer. Essayez plutôt d’inverser la logique et d’ajouter davantage de bonnes choses. Cela permet non seulement d’avoir plus de nutriments, mais aussi plus de plaisir alimentaire. »

Par exemple, vous pouvez adapter les proportions en ajoutant davantage d’endives braisées à votre plat festif et en diminuant la quantité de confiture servie avec le gibier (une cuillère à café au lieu d’une cuillère à soupe), ou remplacer la confiture par des légumes naturellement sucrés comme la courge ou le panais.

Même principe pour les desserts : mieux vaut remplacer que supprimer. Remplacez le sucre par des édulcorants à faible teneur calorique pour conserver la saveur sucrée et continuez à vous faire plaisir. Mais Michaël Sels rappelle que cuisiner avec des édulcorants est différent de cuisiner avec du sucre : « Le sucre n’apporte pas que le goût sucré. Il influence aussi la texture et la couleur, pensez par exemple à la caramélisation. Il faut donc utiliser des édulcorants capables de reproduire ces caractéristiques pour obtenir un résultat satisfaisant. » En plus de leur goût sucré, les édulcorants basses calories présentent un avantage supplémentaire : ils permettent de limiter la hausse de la glycémie après un repas ou une collation.

À lire aussi :
Les conseils de Michaël Sels pour des recettes 100 % réussies

Une recette d’hiver sans sucres ajoutés

Michaël Sels partage une délicieuse recette de biscuits à savourer au coin du feu : des biscuits chocolat-orange à base de haricots noirs. Sans sucres ajoutés, ils constituent aussi une source inattendue de protéines végétales. « La force de cette recette, c’est qu’elle contient des légumineuses », explique-t-il. « Le Belge moyen en consomme très peu, et beaucoup manquent d’inspiration pour les cuisiner, alors qu’elles ont tout à fait leur place dans notre alimentation. En ajouter dans des desserts ou des en-cas est une bonne manière d’en consommer davantage. »

Cette recette contient également des fibres provenant des fruits secs. Les fibres contribuent à ralentir la digestion, ce qui favorise une glycémie plus stable.

En savoir plus sur Michaël Sels sur LinkedIn : www.linkedin.com/in/michaelsels

Biscuits chocolat-orange aux haricots noirs

Pour 15 à 20 biscuits :

Temps de préparation : 15 min
Temps de cuisson : 15 min

Des haricots dans un biscuit ? Cela peut sembler étrange, mais le résultat est délicieux ! L’association chocolat-orange rappelle les célèbres biscuits Pims.

Ingrédients :

  • 50 g de margarine
  • 50 g de chocolat noir
  • 6 c. à s. de jus d’orange fraîchement pressé
  • 2 c. à s. de zeste d’orange
  • 100 g d’abricots secs
  • 400 g (1 boîte) de haricots noirs
  • 85 g de beurre de cacahuète
  • 25 g de substitut de sucre à base de glycosides de stéviol (1:1)
  • 1 c. à c. de levure chimique
  • 50 g de farine complète
  • 2 c. à s. de cacao en poudre

Préparation :

  • Préchauffez le four à 180°C.
  • Faites fondre la margarine et le chocolat à feu doux.
  • Mixez le jus d’orange, le zeste et les abricots.
  • Rincez et égouttez les haricots.
  • Ajoutez les haricots, le beurre de cacahuète et le substitut de sucre au mélange d’abricots et mixez pour obtenir une pâte lisse. Incorporez le chocolat fondu.
  • Mélangez la farine complète, le cacao et la levure dans un autre récipient.
  • Combinez les ingrédients secs et humides.
  • Formez 15 à 20 petites boules, aplatissez-les légèrement sur une plaque recouverte de papier cuisson et enfournez 12 à 15 minutes.

Royaume-Uni : 3 instances de référence confirment l’utilité des édulcorants basses calories

Au Royaume-Uni, trois agences de santé et de nutrition statuent positivement sur l’utilité des édulcorants basses calories pour réduire la consommation de sucres ajoutés.

Sept ans après leur dernière déclaration commune datant de 2018, trois agences de santé et de nutrition du Royaume-Uni (la British Dietetic Association, la British Nutrition Foundation et Diabetes UK) publient un nouveau « Position statement » sur les édulcorants basses calories1. Les experts de ces agences ont passé en revue les données scientifiques les plus récentes sur le sujet, tout en prenant en compte les points d’attention et de préoccupation du grand public. Objectif : fournir des repères fiables et actualisés sur le sujet à l’attention des professionnels de santé, ainsi que des recommandations actualisées pour la recherche, les décideurs politiques et l’industrie alimentaire.

Dans ce travail, les trois agences reconnaissent les avantages des édulcorants basses calories comme choix positif pour les personnes atteintes de diabète et celles qui cherchent à contrôler leur consommation de sucre. En outre, elles considèrent que le remplacement des sucres par des édulcorants basses calories peut jouer un rôle positif dans la gestion du poids.

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« Il existe de nombreux mythes et idées fausses sur les édulcorants, même parmi les professionnels de santé. Il est toutefois essentiel que nous fournissions aux patients des conseils personnalisés et fondés sur des preuves scientifiques. Cette déclaration de principe, accompagnée du document d’information qui la soutient, a pour but de nous aider à atteindre cet objectif. » Paul McArdle, président du conseil d’administration de la British Dietetic Association et co-auteur du rapport2.

Le statement réaffirme la sécurité des édulcorants

Premier constat : les édulcorants basses calories approuvés sont considérés comme sûrs lorsqu’ils sont consommés dans le cadre de la dose journalière acceptable (DJA). Depuis que le Royaume-Uni a quitté l’Union l’Européenne, c’est la Food Standards Agency (FSA) qui assume la responsabilité de l’évaluation de la sécurité des additifs alimentaires, dont les édulcorants basses calories font partie, au Royaume-Uni. Et la FSA a décidé de rester alignée sur la position de l’Agence Européenne EFSA concernant leur sécurité et leur utilisation.

Les experts ont également examiné les études récentes portant sur un éventuel lien entre les édulcorants basses calories et différents cancers chez l’humain. Leur conclusion : dans l’ensemble, ces études ne suggèrent pas de lien direct entre la consommation d’édulcorants basses calories dans les limites recommandées et le risque de cancer ou de mortalité par cancer. Le rapport précise également que la consommation actuelle de la population est inférieure à la limite de la DJA, et qu’il est extrêmement difficile pour une personne avec une alimentation courante d’atteindre la DJA pour n’importe quel édulcorant basses calories.

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Les édulcorants sont un bon choix pour le contrôle du sucre

Le deuxième point du rapport est majeur, car il répond au rapport de l’OMS de 2023 qui ne recommandait pas les édulcorants basses calories comme stratégie de perte de poids. Après avoir examiné les données récentes, les experts concluent que les édulcorants basses calories peuvent faire partie d’une stratégie de gestion du poids et du diabète, tout en précisant qu’ils ne constituent pas une solution à eux seuls. En d’autres termes, ils ne sont pas une baguette magique, mais peuvent être utiles en complément d’autres mesures.

Les experts précisent que des habitudes alimentaires saines et équilibrées, limitant les sucres, les acides gras saturés et le sel, et favorisant les fibres (fruits, légumes, céréales complètes) restent essentielles.

Ils ajoutent que, pour les consommateurs réguliers de boissons sucrées (boissons avec sucres ajoutés), les boissons sans sucres contenant des édulcorants basses calories (boissons light/zero sans sucres) peuvent constituer une alternative utile, en particulier pour les personnes qui présentent un risque élevé de diabète de type 2. L’eau reste bien sûr le meilleur choix, mais les boissons édulcorées sans sucres peuvent accompagner une transition progressive vers une consommation réduite de boissons avec sucres ajoutés.

À lire aussi : L’OMS publie un rapport sur les édulcorants

Le rôle essentiel des professionnels de santé

La déclaration commune souligne le rôle des professionnels de santé et l’importance de fournir des conseils individualisés et basés sur la science. Les recommandations sont les suivantes :

  • Lorsque cela est approprié, envisager l’inclusion des édulcorants basses calories dans une approche progressive visant à améliorer la qualité de l’alimentation et à réduire la consommation de sucres libres, tout en encourageant le choix d’aliments riches en nutriments.
  • Les édulcorants basses calories ne doivent pas être utilisés comme principale modification alimentaire pour favoriser la gestion du poids. Les interventions alimentaires doivent viser l’amélioration de la qualité globale de l’alimentation.
  • Pour la gestion du diabète, le remplacement des sucres libres, y compris ceux présents dans les boissons sucrées, par des édulcorants basses calories et des boissons sans sucres édulcorées peut être une stratégie efficace pour réduire la consommation de glucides et gérer la glycémie post-prandiale.
  • Encourager les personnes atteintes de diabète à surveiller l’impact du remplacement des sucres libres par des édulcorants basses calories sur la gestion de leur diabète et leur poids corporel.

Enfin le rapport souligne le besoin de poursuivre les recherches et d’améliorer les données pour mieux comprendre la consommation des édulcorants basses calories, notamment dans le contexte de la reformulation des aliments et boissons, ainsi que pour continuer à évaluer leurs effets à long terme sur la santé et les comportements.

Vous pouvez retrouver le rapport complet ici

Références :
• British Dietetic Association, British Nutrition Foundation and Diabetes UK. Insight Document on Low- and No-Calorie Sweeteners. October 2025.
• British Dietetic Association. Low or no calorie sweeteners deemed safe in new position statement. 24 October 2025
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Muffins aux bananes et myrtilles

À l’occasion de la Journée mondiale du diabète, le Conseil diététique de l’Association du Diabète propose une recette simple et savoureuse : des muffins aux bananes et aux myrtilles, sans sucres ajoutés.

«  Les muffins aux bananes et myrtilles sont parfaits pour satisfaire vos envies sucrées tout en respectant votre glycémie. Tout est une question de portion. Ces muffins sont non seulement délicieux mais aussi riches en fibres et pauvres en graisses.  »
Emanuelle Chmielewski, Présidente du Conseil Diététique de l’Association du Diabète.

Ingrédients (pour 16 muffins)

  • 150 g de farine d’épeautre complète (T150)
  • 40 g de son de blé
  • 2 bananes moyennes bien mûres
  • 250 g de myrtilles
  • 125 ml de lait écrémé
  • 2 càc de bicarbonate de soude
  • 25 g d’édulcorant en poudre à base de sucralose
  • 50 g de margarine
  • 1 œuf
  • 50 g de flocons d’avoine + 1 càs pour la finition

Préparation

  • Préchauffer le four à 180°C
  • À l’aide d’une fourchette, écraser les bananes dans un bol
  • Faire fondre la margarine et l’incorporer aux bananes écrasées
  • Ajouter le lait, l’oeuf, l’édulcorant, le bicarbonate et bien mélanger
  • Ajouter petit à petit, en pluie, la farine et le son
  • Une fois que la pâte est bien homogène, ajouter les flocons d’avoine et les myrtilles tout en mélangeant doucement
  • Répartir le mélange dans des moules à cupcakes ou muffins en silicone et décorer avec les flocons d’avoine restants
  • Enfourner entre 18 et 20 minutes
  • Laisser refroidir et déguster
VALEURS NUTRITIONNELLES par muffin

Valeur énergétique = 437 kJ / 100 kcal
Matières grasses : 3,5 g
Glucides : 1 g
Protéines : 3,5 g
Fibres : 3 g 

Recette extraite du livre “ Mon assiette au fil des saisons ”
de l’Association du Diabète.

Les édulcorants et les maladies
du foie gras MASLD

L’accumulation de graisses dans le foie est associée à la maladie chronique du foie la plus répandue au monde : la MASLD. Quel rôle les édulcorants basses calories jouent-ils dans la MASLD ? Nous décryptons.

Le développement fulgurant de l’obésité dans le monde a de nombreuses conséquences néfastes sur l’état de santé : cette accumulation excessive de graisse est étroitement liée au diabète de type 2, mais aussi aux maladies cardiovasculaires, à certains cancers et à des maladies du foie. Parmi elles, la notion de MASLD est apparue en 2023, et constitue désormais la maladie chronique hépatique la plus répandue au monde.

Qu’est-ce que la MASLD ?

La MASLD est l’acronyme de « Metabolic Dysfunction-Associated Steatotic Liver Disease » ou maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique. Cela désigne un état où l’accumulation de graisses dans le foie, qui n’est pas due à la consommation d’alcool, cause des troubles du fonctionnement du foie. Le terme MASLD fait suite à d’autre noms comme la maladie du foie non alcoolique ou NAFLD (non-Alcoholic Fatty Liver Disease) et la stéatose hépatique associée à un dysfonctionnement métabolique ou MAFLD (Metabolic Dysfunction-Associated Fatty Liver Disease).

En clair, la MASLD englobe différentes affections du foie, parmi lesquelles :

  • La stéatose hépatique simple (accumulation de graisses, sans autres manifestations visibles)
  • La stéatohépatite (inflammation du foie qui peut évoluer vers une fibrose)
  • La cirrhose
  • Le carcinome hépatocellulaire

À lire aussi : Comment le sucre donne-t-il de la graisse ?

Qu’est-ce qui cause la MASLD ?

L’obésité est la cause la plus courante de MASLD : on estime qu’environ 3 personnes en situation d’obésité sur 4 présentent une MASLD. Cela s’explique en grande partie par l’impact du tissu adipeux (qui est donc anormalement important dans l’obésité) sur le fonctionnement de l’organisme (notamment sur la régulation du taux de sucre dans le sang). Le développement de la MASLD est cependant complexe et implique différents facteurs interconnectés. Pour faire simple, la MASLD est vue généralement comme le reflet de facteurs liés à un mode de vie moderne, dont une alimentation déséquilibrée, l’inactivité physique, le stress chronique

Édulcorants à basses calories et MASLD

La consommation excessive de sucre est un facteur bien identifié dans le développement de la MASLD. La réduction de sucres, notamment avec l’appui des édulcorants basses calories, est donc vue comme une stratégie utile, que ce soit dans la prévention mais aussi pour le traitement de la MASLD. Mais les édulcorants font régulièrement l’objet de recherches qui aboutissent à des résultats contre-intuitifs. C’est notamment le cas d’une étude chinoise parue en 2025, qui suggère que non seulement les boissons sucrées, mais également celles avec des édulcorants basses calories, étaient associées à la MASLD : selon cette étude, la consommation de plus de 330 ml par jour de boissons faiblement ou non sucrées avec édulcorant (LNSSB) ou de boissons sucrées (SSB) était associée à une augmentation respective de 60% et 50% du risque de développer une MASLD.

À lire aussi : Goût sucré, goût pour le sucre, quelle différence ?

MASLD, sucres et édulcorants

Ces résultats n’ont rien de surprenant pour les boissons sucrées : les sucres, en particulier certains sucres comme le fructose, sont connus pour pouvoir se transformer en graisse au niveau du foie. Mais pour les édulcorants basses calories, c’est nettement plus surprenant, aucun mécanisme de ce type ne pouvant être raisonnablement avancé. Les auteurs suggèrent que cela pourrait être en rapport avec des modifications du microbiote intestinal, ce qui, sur base des travaux déjà réalisés, paraît très hypothétique… Cela n’a pas empêché un article d’un quotidien de titrer : « Contrairement à ce que l’on pensait auparavant, passer des boissons gazeuses classiques aux boissons light ne garantit donc pas une diminution du risque de problèmes hépatiques ».

Interrogée sur ce sujet, la professeure Anja Geerts (UGent) explique que « Les principaux facteurs de risque pour cette forme de stéatose hépatique (MASLD) sont le surpoids, le diabète et un taux de cholestérol élevé ».

Elle explique qu’aucune boisson n’est responsable de tout ce qui peut mal tourner, et qu’en fin de compte, c’est l’ensemble qui importe pour le foie : l’alimentation, le poids, la consommation de sucre, l’activité physique et la santé métabolique. Et bonne nouvelle : si le foie a déjà accumulé du gras, le Pr Geerts rassure en disant que les personnes qui parviennent à perdre 5 à 10% de leur poids peuvent débarrasser leur foie de la graisse.

À lire aussi : Édulcorants basses calories : quels effets sur le poids ?

L’importance de l’interprétation des études

Mais alors, que penser de cette étude ? La diététicienne Sanne Mouha (UZAnvers), explique qu’il faut interpréter ces résultats avec prudence. Elle évoque certains biais inhérents aux études d’observation : « Il se peut, par exemple, que les personnes en surpoids boivent plus souvent des boissons gazeuses, ce qui fausse quelque peu les conclusions.  De plus, les boissons light ou zero sont souvent associées à un mode de vie et une alimentation moins saine. »

La consommation de boissons light/zero est en effet généralement plus importante chez les personnes en excès de poids/obèses et celles avec un diabète de type 2, parce que ces personnes cherchent précisément à réduire le sucre et les calories associées au sucre.

Limitations de l’étude chinoise

Ce biais fréquent retrouvé dans les études observationnelles qui associent l’utilisation d’édulcorants basses calories à des problèmes de santé a également été souligné par l’Association Internationale des Édulcorants (ISA) : l’association rappelle que ces études ne peuvent pas établir de causalité. À l’inverse, les revues systématiques d’essais contrôlés randomisés fournissent des preuves solides. Ces études montrent que remplacer les boissons sucrées par des alternatives contenant des édulcorants à faible ou sans calories peut réduire la graisse hépatique, le poids corporel et la masse grasse (McGlynn et al., 2022).

Vidéo : Édulcorants, poids & science : où en est-on ?

Références :
Simancas-Racines D et al. Curr Obes Rep. 2025 Jan 11;14(1):7. doi: 10.1007/s13679-024-00597-6
Ueg. Artificially sweetened and sugary drinks are both associated with an increased risk of liver disease, study finds. October 07, 2025.
• HLN online: Drink je elke dag lightfrisdrank? Onderzoek wijst op 60 procent meer kans op leveraandoening | Gezondheid | HLN.be
International Sweeteners Association ISA. Limites de la nouvelle étude sr les boissons édulcorées et les maladies du foie. 9 Octobre 2025.

Édulcorants, poids & science :
où en est-on ?

La Professeure Katherine Appleton (Université de Bournemouth, UK) décrypte et explique l’état actuel de la science sur les édulcorants basses calories.

Avez-vous déjà lu ou entendu que les édulcorants « donnent » le diabète ? Et cela, alors même que les édulcorants basses calories sont pratiquement dénués d’apport énergétique et n’ont pas d’influence sur la glycémie, contrairement au sucre. L’existence de ce type de message s’explique principalement par le type d’étude scientifique menée, et surtout par l’interprétation qui en est faite.

Ainsi, dans les études d’observation, qui examinent les modes de vie et les habitudes alimentaires… nous observons souvent que la consommation d’édulcorants basses calories est plus élevée chez les personnes atteintes d’un diabète de type 2. Mais rien ne permet d’en conclure que ce sont les édulcorants qui favorisent le diabète. Au contraire, les personnes avec un diabète de type 2 cherchent, plus que les autres, à limiter le sucre, qui est donc plus souvent remplacé par des édulcorants basses calories…

Les études d’intervention sont, quant à elles, menées dans un environnement contrôlé, où seule diffère l’intervention : par exemple un groupe qui consomme normalement du sucre, et un autre groupe qui suit la même alimentation, mais dans laquelle le sucre est remplacé par des édulcorants.

Quelle est la différence entre les études d’observation et celles d’intervention ? La Pr Katherine Appleton (Département de Psychologie, Université de Bournemouth, Royaume-Uni) y répond dans cette vidéo.

VIDÉO : Étude d’observation, études d’intervention, quelles différences ?

Comment se fait-il qu’un rapport de l’OMS déconseille les édulcorants pour contrôler son poids ?

Dans ce rapport, l’OMS indique qu’il n’existe pas de preuves convaincantes en faveur des édulcorants en tant que levier pour lutter contre l’obésité à long terme, ou pour prévenir des maladies non transmissibles. Précisons d’emblée que cette recommandation de l’OMS est dite « conditionnelle » c’est-à-dire que les preuves sur lesquelles repose cette recommandation ne sont pas concluantes.  Par ailleurs, elle ne s’applique pas aux personnes avec un diabète. Mais comment expliquer cette position qui n’est pas favorable aux édulcorants basses calories ? Or qu’il existe de nombreuses études qui montrent que lorsque le sucre est remplacé par les édulcorants basses calories, nous observons bel et bien une perte de poids, légère mais significative. Pourquoi ces contradictions ?

Ici encore, le type d’étude pris en compte a son importance. La Pr Katherine Appleton nous en dit plus sur ce rapport de l’OMS.

VIDÉO : Que penser du rapport de l’OMS sur édulcorants et poids ?

Les édulcorants basses calories ont-ils un intérêt dans le contrôle du poids ?

Le sucre est associé à de l’énergie, chaque gramme apportant 4 kilocalories. Lorsque le sucre est remplacé par des édulcorants basses calories, cela entraîne une réduction de la quantité de calories ingérées (pour autant qu’il n’y ait pas de compensation équivalente aux calories associées au remplacement du sucre). Lorsque c’est le cas, les études dans lesquelles le sucre est remplacé par des produits contenant des édulcorants basses calories rapportent une perte de poids d’environ 1 kg en 12 semaines. Ce n’est pas une grande différence, souligne la Pr Katherine Appleton, mais elle est significative d’un point de vue clinique et suffisante pour influencer favorablement la santé. La spécialiste insiste aussi sur le fait que les produits contenant des édulcorants basses calories doivent s’intégrer dans un mode de vie sain.

VIDÉO : Quel est finalement l’effet des édulcorants sur le poids ?

Les sucres dans l’alimentation de la population belge

Bien que la consommation de sucres totaux ait légèrement diminué, comme celle des boissons sucrées, la consommation de produits avec des sucres ajoutés reste élevée, selon l’enquête de consommation alimentaire de Sciensano.

2025 : résultats de l’enquête de consommation alimentaire

L’enquête de consommation alimentaire 2022-2023 de Sciensano, publiée en 2025, remplace la précédente portant sur la période 2014-2015 pour établir une « photographie » de notre alimentation. Les apports en sucres ont été évalués, mais uniquement ceux en sucres totaux (qui correspondent à la somme des sucres naturellement présents dans les fruits, les légumes, le lait et les produits laitiers…) et des sucres ajoutés (qui englobent le miel, les sirops de céréales, etc).

Depuis l’enquête précédente, la consommation de sucres totaux à très légèrement diminué, passant de 20 à 19 % des apports énergétiques totaux. Cela pourrait s’expliquer en partie par la diminution de la consommation de sucres issus des boissons : en effet, outre la réduction continue observée dans le secteur des boissons sucres (réduction de sucres de plus de 30 % en 25 ans), la consommation de boissons sucrées dans la population est passée de 187 ml/jour en en 2014-2015 à 152 ml/j en 2022-2023[1]. Durant cette même période, la consommation d’eau est passée de 773 à 949 ml/j.

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Quelle est la quantité de sucres totaux recommandée ?

Il n’y a pas, dans les recommandations du Conseil Supérieur de la Santé, ni dans les repères de l’EFSA, de quantité précise de sucres totaux recommandée. Néanmoins, il est possible d’en avoir une idée indirectement, en se basant sur différentes recommandations du CSS[2].

  • Sucres ajoutés : max 10 % de l’apport énergétique total
    • Ce qui fait, pour 2000 kcal, un maximum de 50 g par jour.
  • Sucres naturellement présents : dans une alimentation équilibrée qui respecterait les recommandations du CSS, nous aurions :
    • Fruits : 250 g/j. À raison d’une moyenne de 10 % de sucres naturellement présents, cela fait 25 g de sucres par jour.
    • Légumes : min 300 g/j. À raison d’une moyenne de 2,5 % de sucres naturellement présents, cela fait min. 7,5 g de sucres par jour.
    • Lait et produits laitiers : 250 à 500 ml de lait ou équivalent. À raison d’une moyenne de 5 % de lactose naturellement présent, cela fait entre 12,5 et 25 g de sucres naturellement présents par jour.

Total des sucres naturellement présents : de 45 à 57.5 g par jour.

Sur base du raisonnement ci-dessus, nous pouvons avoir une estimation de la quantité de sucres totaux qui serait conforme aux recommandations : sucres totaux = sucres ajoutés (0 à 50 g/j) + sucres naturellement présents : soit de 45 à 107.5 g par jour.

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Quelle est la quantité de sucres ajoutés consommée ?

Cette donnée n’est pas renseignée dans l’enquête de consommation. Néanmoins, il est possible d’avoir une idée en se basant d’une part sur la consommation des sucres totaux, de laquelle on déduit les sucres naturellement présents associés aux consommations moyennes de fruits, légumes, lait et produits laitiers (précisons que c’est une approximation !).

  • Sucres totaux : 19 % de l’énergie. Pour 2000 kcal, cela correspond à 95 g/jour. A priori, cette consommation de sucres totaux semble tout à fait acceptable. Mais c’est sans tenir compte du fait qu’elle masque la part des sucres ajoutés, qui est d’autant plus élevée que la consommation de fruits, légumes, lait et produits laitiers est faible, ce qui est le cas en Belgique.
  • Sucres naturellement présents sur base de la consommation moyenne :
    • Fruits : 114,2 g/jour, soit 11,4 g de sucres
    • Légumes : 171,6 g/j, soit 4.3 g de sucres
    • Lait et produits laitiers : 142 g/j, soit 7.1 g
    • Total : 22.8 g de sucres naturellement présents par jour

Les sucres ajoutés peuvent donc être estimés à 95-22,8 g = 72.2 g par jour. Ce qui correspond, pour un apport de 2000 kcal/j, à 14.4 % de l’apport énergétique, contre max 10 % recommandé par le CSS.

Il est donc hautement probable que la consommation de sucres ajoutés soit excessive dans la population belge.

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D’où viennent les sucres dans l’alimentation de la population belge ?

La première source de sucres totaux est le groupe « sucre et confiseries, qui représente 18,9 % de l’apport total en sucres. Il s’agit ici surtout de sucres ajoutés. Elle est suivie par les fruits, qui représentent 17,4 % de l’apport en sucres totaux. Viennent ensuite, à ex æquo, les boissons non alcoolisées et le groupe « lait, produits laitiers et alternatives végétales, chacun contribuant à raison de 13,8 % à l’apport en sucres totaux. Pour terminer le top 5, c’est le groupe des gâteaux et biscuits, qui délivre 12,9 % de l’apport en sucres totaux.

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Édulcorants basses calories :
quels effets sur le poids ?

Cette revue de la littérature dresse un état des lieux des études sur l’impact des édulcorants basses calories dans la gestion du poids. Elle conclut que l’utilisation des édulcorants basses calories est une stratégie diététique facile à adopter qui peut aider à obtenir une perte de poids modeste mais significatif par le remplacement des sucres.

Édulcorants et poids : se poser les bonnes questions

Les édulcorants basses calories ne sont pas une solution unique pour perdre du poids. D’ailleurs, en matière d’alimentation, il n’existe pas de solution miracle. Les édulcorants basses calories ne sont pas des médicaments « anti-obésité », ils agissent simplement en conférant une saveur sucrée avec un apport calorique nul ou négligeable. La question qui se pose est de savoir si le remplacement du sucre par des édulcorants basses calories présente un intérêt, notamment dans le cadre du contrôle du poids… Pour clarifier ce point et le débat scientifique qui y est associé, le Dr France Bellisle, qui étudie depuis longtemps ce sujet, a analysé la littérature scientifique actuelle avec pour objectif d’apporter une réponse à la question : comment les édulcorants hypocaloriques fonctionnent-ils dans la gestion du poids ? Cette étude est publiée dans la revue scientifique Obesity Reviews.

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Les boissons sans sucres, acteurs de la réduction énergétique

Selon le Dr Bellisle, l’effet potentiel des édulcorants basses calories sur le poids peut s’expliquer par le principe de la balance énergétique : ils permettent de réduire les apports caloriques, ce qui peut favoriser une perte de poids si les dépenses restent inchangées. Mais le contexte dans lequel les édulcorants basses calories sont utilisés a aussi son importance : ainsi, contrairement aux aliments solides, dans les boissons, les édulcorants basses calories permettent de réduire substantiellement la densité énergétique (nombre de calories contenues par gramme d’une boisson). Les décennies de recherches scientifiques ont montré que les édulcorants basses calories influencent le poids via un mécanisme purement et simplement nutritionnel, proportionnellement à l’énergie venant des sucres qu’ils permettent de substituer. L’ensemble des données disponibles amène la scientifique à conclure que les édulcorants basses calories ont un effet robuste mais modeste sur la réduction de poids, de l’ordre de 1 à 2 kg par rapport au poids initial. C’est moins que les programmes de perte de poids, qui atteignent 5 kg en moyenne, ou que la chirurgie (plus de 10 % du poids initial), mais cela va dans le sens escompté.

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L’effet des édulcorants basses calories est-il important ?

De par leur mode de fonctionnement – réduction de l’énergie venant des sucres – les édulcorants basses calories ne peuvent pas avoir un effet amaigrissant marqué. Néanmoins, cet effet modeste mais significatif observé avec les édulcorants basses calories sur le poids mérite d’être pris en considération. En effet, dans un mode « obésogène », où aucune stratégie ne s’est montrée efficace pour enrayer la progression du surpoids et de l’obésité, une perte de poids de 1 à 2 kg attribuée uniquement au remplacement du sucre par des édulcorants basses calories est appréciable. D’autant que c’est une mesure diététique très simple, qui peut bien entendu s’inscrire dans une gestion plus active du poids, avec des modifications conjointes en matière d’alimentation et d’activité physique. D’autant que les édulcorants basses calories permettent d’augmenter la compliance à l’égard des programmes de restriction énergétique, notamment parce qu’ils rendent plus acceptable la réduction des sucres chez ceux qui en consomment beaucoup.

Après un rapport de l’OMS souvent déformé

Cette étude vient faire un point utile après que l’OMS a déclaré, dans un rapport de 2023 qui a suscité une controverse, qu’il n’existait « pas de preuves convaincantes en faveur des édulcorants en tant que levier pour lutter contre l’obésité à long terme, ou pour prévenir des maladies non transmissibles ». Une déclaration dite « conditionnelle », c’est-à-dire fondée sur des preuves encore limitées, et qui a parfois été interprétée de manière excessive, laissant croire que l’OMS déconseillait l’usage des édulcorants basses calories…

Précisons aussi que la déclaration de ce rapport de l’OMS ne concernait pas les (nombreuses) personnes atteintes d’un diabète de type 2, chez qui la limitation des sucres et le contrôle de la glycémie revêtent une importance capitale.

À lire aussi : L’OMS publie un rapport sur les édulcorants

Référence :
Bellisle F. Obesity Reviews, Fist Published: 14 May 2025. https://doi.org/10.1111/obr.13937

La moitié de population belge est en surpoids

Le surpoids reste un problème majeur en Belgique, qui concerne une personne sur deux. Certaines tranches d’âge sont particulièrement touchées.

Le surpoids en Belgique

Une personne sur deux est en surpoids à l’échelle de la population belge âgée de 3 ans est plus ! C’est ce qui ressort de l’Enquête de consommation alimentaire 2022-2023 que Sciensano a publié en 2024. Cette enquête fait suite à la précédente qui portait sur la période 2014-2025. La situation ne s’est pas améliorée depuis. Le surpoids est défini à partir d’un Indice de masse Corporelle (IMC ou BMI) de 25 et plus. Il concerne 49 % de la population. L’obésité correspond à un IMC de 30 et plus :  elle concerne 18 % de la population en Belgique.

À lire aussi : Quel est le poids idéal ?

Les tranches d’âge les plus touchées

Les chiffres moyens masquent des écarts importants en fonction des tranches d’âge. Plus nous vieillissons, plus élevé est le risque de surpoids. Ainsi, le surpoids concerne environ 6 personnes sur 10 dans la catégorie 40 à 64 ans, et culmine à 8 hommes sur 10 âgés de 65 ans et plus.

La situation est encore moins bonne avec un autre indicateur : le tour de taille. Contrairement à l’IMC, le tour de taille permet de tenir compte de la répartition de la graisse. C’est important, car la graisse abdominale est plus dangereuse pour la santé que la graisse au niveau des fesses et/ou des cuisses. Près de 7 personnes sur 10 âgées de 40 à 64 ans et 8 personnes sur 10 âgées de 65 ans et plus ont un tour de taille associé à un risque élevé ou très élevé pour la santé.

À lire aussi : Les boissons light/zero font-elles grossir ?

Perdre de poids ? Comment ?

L’enquête montre aussi que 28 % de la population de 10 ans et plus essaient de perdre du poids, plus parmi les femmes (31 %) que les homes (24 %). Parmi les méthodes utilisées, c’est avant tout la modification du type d’aliments consommé qui est pratiquée, suivie de l’augmentation du niveau d’activité physique, et la réduction de l’apport calorique. Cependant, une personne sur 5 utilise des méthodes défavorables pour la santé, telles que fumer, utiliser des laxatifs, sauter des repas, jeûner de façon prolongée ou se faire vomir).

Pour le contrôle du poids, la réduction des calories ingérées par l’alimentation (sucres, graisses, alcool), ainsi que l’augmentation des calories dépensées par l’activité physique, est recommandée. Les édulcorants basses calories peuvent constituer une aide pour réduire sa consommation de sucres/de calories, tout en gardant le plaisir de la saveur sucrée.

À lire aussi : Comment les édulcorants peuvent-ils m’aider à atteindre mon poids idéal ?

Référence :
Sciensano. Enquête de consommation alimentaire 2022-2023.

Faut-il interdire l’aspartame ?

L’aspartame est l’une des substances les plus étudiées au monde. Sa sécurité d’utilisation a été maintes fois réaffirmée par les agences de sécurité alimentaire. Alors, pourquoi vouloir l’interdire, comme le propose une pétition ? On fait le point.

L’aspartame fait l’objet d’une campagne de dénigrement lancée ce 4 février 2025 par Foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer (1). L’édulcorant le plus étudié au monde est présenté comme dangereux pour la santé, notamment parce qu’il a été classé en 2023 parmi les substances « possiblement cancérogènes » par l’IARC, (Agence internationale de recherche contre le cancer), ou catégorie 2B. Pourtant, simultanément à cette annone de l’IARC, l’OMS a annoncé, via le JECFA, que l’aspartame ne présente pas de risque aux quantités autorisées (la Dose Journalière Admissible ou DJA), qui correspond à la consommation de plusieurs litres de boisson light.

Lire aussi : L’aspartame est-il cancérogène ? Pas si vite !

Aspartame, frites, kimchi… Une question de quantité

Cette campagne médiatique contre l’aspartame – ce n’est pas la première – est d’autant plus surprenante qu’elle remet en cause les avis des différentes agences de sécurité dans le monde, sans aucune nouvelle donnée scientifique. Selon la classification de l’IARC, dans la catégorie 2B dans laquelle est l’aspartame, on retrouve aussi le kimchi et les autres légumes en saumure. Dans la catégorie 2 A, qui qualifie les substances « probablement cancérogènes », il y a la viande rouge, les boisons très chaudes et l’acrylamide, composé qui se forme dans les fritures, le pain, les biscuits, le café… Et dans la catégorie 1 A, on retrouve l’alcool et les viandes transformées. Cette classification ne tient cependant pas compte de la quantité consommée, ce qui est pourtant déterminant dans l’évaluation du risque. Et c’est bien ce que font les agences de sécurité alimentaire, qui évaluent la sécurité d’utilisation et de consommation des additifs alimentaires en tenant compte des quantités.

Ma consommation d’aspartame est-elle sûre ? Je vérifie avec l’édulcotest

Fabrique de la peur

Ce n’est pas la première fois que l’aspartame est présenté comme dangereux – alors qu’il est utilisé et étudié depuis quarante ans en Europe – et suscite la crainte. Dans un article paru dans le Journal International de Médecine (2) intitulé « Aspartame : la fabrique de la peur ne connait pas la crise », Aurélie Haroche analyse comment la peur est utilisée abusivement dans cette campagne de dénigration de l’aspartame portée par Foodwatch. Campagne lancée à l’occasion de la journée mondiale du cancer, qui a été ainsi quasiment transformée en journée mondiale anti-aspartame ! L’autrice de l’article cite le cancérologue français Jérôme Barrière à propos de cette médiatisation : « Chaque jour, on nous sort une nouvelle alerte : pesticides, aspartame, colorants, perturbateurs endocriniens, microplastiques… La chasse au facteur de risque inconnu devient une obsession médiatique. Alors oui, la recherche est essentielle car il existe des préoccupations légitimes, mais la communication grand public doit rester rigoureuse. Pas d’approximations, pas de simplifications excessives, pas d’interdictions hâtives sans preuve solide ni évaluation globale des risques associés !

Lire aussi : Etudes scientifiques : comment interpréter les résultats ?

L’article cite également une réaction de la journaliste Géraldine Woessner, qui se consacre à la démystification des fausses alertes : A propos des trois associations (Foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer) elle dit: « On comprend leur souhait, en cette journée mondiale de lutte contre le cancer, de provoquer un « électrochoc » assez important pour lever des fonds, et financer la recherche. Mais aucune cause ne justifie qu’on piétine le consensus scientifique, ni qu’on balaye les expertises de l’European Food Safety Authority (EFSA), de la FDA, de la World Health Organization, de l’ ANSES… Sur la base d’études non conclusives, que la communauté scientifique s’accorde à juger médiocres ».

Moins de sucre, c’est mieux

La consommation excessive de sucre est reconnue comme étant mauvaise pour la santé. Les édulcorants basses calories tels que l’aspartame permettent de profiter de la saveur sucrée, tout en limitant sa consommation de sucre. Propager des messages alarmistes qui vont à l’encontre des évaluations des agences de sécurité sanitaire est non seulement scientifiquement non fondé, mais peut même amener les adeptes de la saveur sucrée à se tourner (à nouveau) vers des produits avec sucres, ce qui n’est certainement pas mieux…

Comment arrêter le sucre ? Conseils pour un meilleur équilibre

Références :
(1) Foodwatch. Actualité. 04.02.2025
(2) Haroche A. Journal International de Médecine, 7 février 2025.

L’aspartame est-il cancérigène ? Pas si vite !

Bien que l’aspartame ait été classé « possiblement cancérogène » par l’International Agency for Research on Cancer (IARC), la sécurité de l’aspartame vient d’être réaffirmée par l’OMS le 14 juillet 2023. Le Professeur Jan Tytgat, toxicologue à la KU Leuven, explique comment interpréter le travail de l’IARC et du JECFA.

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C’est quoi l’Edulcotest ?

Combien de denrées avec des édulcorants puis-je consommer par jour ? Pour le savoir, rien de plus simple, faites l’Educoltest ! Cet outil exclusif donne une vue réelle de votre niveau de sécurité sur base des aliments et boissons que vous consommez chaque jour, en précisant le type et la marque du produit.

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Moins de sucres et d’édulcorants dans les produits : nouveau rapport

L’agence française de sécurité alimentaire, l’anses , a publié un bilan de l’utilisation des sucres et édulcorants dans les denrées alimentaires

Réduire la consommation de sucre est un objectif important dans le cadre de la lutte contre l’obésité, le diabète et d’autres maladies métaboliques. Cependant, la saveur sucrée est largement appréciée, et il est difficilement envisageable de voir disparaitre la totalité des sucres ajoutés. C’est pour garder le plaisir de la saveur sucrée, sans les inconvénients du sucre, que les édulcorants basses calories ont été développés.

L’importance de la saveur sucrée s’illustre dans le grand nombre de produits qui contiennent des ingrédients sucrants (sucres, sirop de glucose…) ou vecteurs de goût sucré (polyols et édulcorants basses calories) : dans son bilan (1), l’anses a passé en revue les listes des ingrédients sur plus de 54 000 produits présents sur le marché entre 2008 et 2020 et répertoriés par l’Observatoire de l’alimentation – Oqali.

Moins de produits avec une saveur sucrée

Résultats : les trois-quarts des produits contiennent au moins un ingrédient sucrant ou vecteur de goût sucré. Toutefois, l’anses relève qu’au cours de ces 10 dernières années, l’utilisation des ingrédients sucrants a baissé, en particulier les sirops de sucre et les édulcorants. C’est surtout le cas de l’aspartame qui, en 10 ans, a vu sa présence divisée par 4, passant de 1,8 % à 0,4 % des produits. Sachant que la consommation d’aspartame il y a 10 ans était déjà largement sous la DJA, cela suggère que la marge de sécurité est encore plus importante.

C’est dans le domaine des boissons rafraîchissantes sans alcool que le sucre a le plus baissé. L’agence explique que c’est en partie dû à un accord collectif qui a été instauré entre les principaux industriels du secteur et les pouvoirs publics pour diminuer de 5 % le taux moyen de sucres. Il y a aussi l’instauration, en France d’une taxe sur ces boissons, qui est devenue proportionnelle à la teneur en sucres ajoutés en 2018.

L’anses précise que l’étude ne s’est pas penchée sur les quantités de sucres utilisées.

Référence : Anses. Bilan de l’utilisation des sucres ajoutés et édulcorants dans les aliments transformés, 19 mars 2024.

Avoir des dents en bonne santé!

Les édulcorants basses calories ne peuvent pas être transformés en acides toxiques par les bactéries buccales. Ils respectent ainsi les dents et aident à les maintenir en bonne santé.

Les bactéries présentes dans la bouche interviennent dans le développement des caries. Ces bactéries transforment les sucres en acides. Ces acides agressent l’émail des dents, ce qui ouvre la voie aux caries. Les édulcorants basses calories ne peuvent pas être transformés en acides toxiques par les bactéries buccales. Ils respectent ainsi les dents et aident à les maintenir en bonne santé.

Le sucré ET le salé peuvent nuire aux dents

Si tout le monde sait que le sucre n’est pas bon pour les dents, il est moins connu que des aliments salés peuvent aussi être de redoutables ennemis pour l’émail dentaire : pain, chips, pâtes, riz, frites, pizza… Tous les aliments contenant de l’amidon peuvent participer au processus de la carie dentaire. Mais comment des frites peuvent-elles nuire aux dents ? Et bien, des résidus d’aliments contenant de l’amidon peuvent rester logés entre les dents bien après le repas. Or, la salive contient une enzyme, la ptyaline, qui commence la digestion de l’amidon, en le transformant en partie en glucose (l’amidon est constitué exclusivement d’un grand nombre de molécules de glucose). Une fois que le glucose apparait, les bactéries de la bouche peuvent le transformer en acide. La meilleure parade face à ce phénomène, c’est de se brosser les dents après le repas.

Acides et érosion dentaire

L’érosion dentaire est une autre menace pour les dents. Il s’agit d’une usure progressive de l’émail des dents provoquée par les acides. Ceux-ci proviennent essentiellement d’aliments tels que les limonades, les bonbons, les fruits et les produits à base de fruits. La quantité de produits acides que vous mangez ou buvez n’est pas seule en cause ; la fréquence à laquelle vous les consommez et le temps pendant lequel ils séjournent dans la bouche jouent aussi un rôle. Presque toutes les boissons (outre l’eau, le lait, le café et le thé ordinaire) contiennent des acides. Un produit non acidulé peut aussi contenir des acides. Les bonbons, les limonades et les jus édulcorés contiennent autant d’acides que les bonbons, les limonades et les jus sucrés. L’effet des acides sur l’érosion dentaire est donc identique. L’érosion dentaire est un problème complexe qui n’est pas exclusivement lié à l’alimentation. D’autres facteurs tels que le brossage et l’utilisation de médicaments jouent également un rôle (El Aidi, 2011).

Conseils

L’effet préjudiciable des acides sur l’érosion dentaire dépend également de votre propre comportement face à la consommation d’aliments et de boissons. Il est conseillé de vous limiter à 5 prises alimentaires par jour, à savoir 3 repas et 2 collations, et de garder les aliments acides le moins longtemps possible en bouche avant de les avaler.

Buvez bien, buvez malin pour vos dents!

Des chercheurs du King's College de Londres, au Royaume-Uni, ont cherché à savoir quelles nourritures et boissons acides étaient impliquées dans l'érosion des dents et si la façon dont nous les consommions avait un effet. Verdict : pour ménager vos dents, ne sirotez pas vos boissons et suivez ces quelques conseils!

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Des questions sur le diabète ? Un poids sain relève du défi ? Ou tout simplement besoin d’inspiration pour manger moins sucré ?