Remplacer le sucre par des édulcorants à basses calories permet de réduire l’apport calorique et d’entraîner une perte de poids légère, mais significative. Pourtant, beaucoup de personnes appliquent ce changement au quotidien sans observer de différence notable sur la balance.
Pourquoi ?
« À cause de ce que l’on nomme « l’effet plateau« », explique la Dr France Bellisle, spécialiste du comportement alimentaire qui étudie les édulcorants depuis de nombreuses années.
Ce phénomène se retrouve avec toute restriction énergétique, y compris celles induites par la prise de médicaments contre l’obésité. La cinétique est toujours la même : au début, on perd du poids, puis la perte de poids ralentit, jusqu’à s’arrêter. Lorsque le poids ne diminue plus, c’est l’effet plateau. Et, dans la plupart des cas, il y a une reprise de poids par la suite. L’objectif, lorsque l’on perd du poids, est surtout d’arriver à maintenir la perte de poids.
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L’effet des édulcorants peut paraître invisible
« Cet effet plateau est un facteur important qui explique la difficulté à étudier et à mettre en évidence les effets à long terme des édulcorants à basses calories sur le poids », nous détaille France Bellisle. Les recherches dans ce domaine montrent que lorsqu’ils remplacent l’énergie venant des sucres, les édulcorants permettent de perdre 1, 2, 3 kilos ou même davantage. Mais après quelques semaines il ne se passe plus rien, parce que l’on a atteint le plateau. Et c’est là que l’on pourrait se dire que les édulcorants ne servent plus à rien, et pourtant… En réalité, ils produisent bel et bien un effet, mais invisible : celui d’aider à maintenir une perte de poids. En effet, cet effet ne pourrait être mis en évidence que si la personne abandonnait les édulcorants et se remettait à manger du sucre. Cela entraînerait alors inévitablement une reprise de poids. »
Les explications de France Bellisle
Les édulcorants font-ils manger… plus ?
C’est un bruit qui circule depuis longtemps, et qui entretient bien des confusions à l’égard des édulcorants à basses calories : ces substances auraient un effet stimulant la faim, ce qui amènerait à manger davantage, plus que le sucre qu’ils sont censés remplacer. Avec, pour conséquence, non pas une perte de poids comme recherché, mais au contraire une prise de poids ! Cela fait partie des nombreuses informations erronées qui circulent sur les édulcorants à basses calories. France Bellisle nous éclaire sur les origines de ce qui est devenu un grand mythe : C’est ce qui a été supposé il y a une quarantaine d’années, avec, comme mécanisme avancé, la stimulation de la sécrétion d’insuline. » Depuis, cette idée a été étudiée en long et en large dans le monde, et les résultats sont très clairs : il n’y a aucune augmentation de la prise alimentaire à la suite de l’utilisation d’édulcorants.
Les explications de France Bellisle
Les édulcorants stimulent-ils la sécrétion d’insuline ?
C’est aussi un vieux débat qui refait régulièrement surface : les édulcorants à basses calories n’auraient pas seulement une saveur proche de celle du sucre, ils auraient aussi des effets métaboliques tels que le déclenchement de la sécrétion d’insuline. Voilà qui irait à l’encontre de ce qui est recherché, notamment pour les personnes avec un diabète, affection qui se caractérise par une sécrétion d’insuline altérée. Mais ici aussi, les nombreuses recherches permettent d’y voir plus clair. En général, dans la plupart des cas, explique France Bellisle, il n’y a aucune sécrétion d’insuline après la prise de nourriture qui soit due aux édulcorants. Bien entendu, la prise alimentaire, avec ou sans édulcorants, entraîne une sécrétion d’insuline, ce qui est parfaitement normal, mais il n’y a aucun rôle spécifique joué par les édulcorants qui composent le repas. »
Édulcorants et insuline : réponse de France Bellisle
